ARCINFO du 29.04.2025

«L’aventurier de La Brévine» publie ses mémoires

Il y a 25 ans, le Brévinier Jean-Philippe Patthey, alors cinquantenaire, lâchait tout pour enchaîner les défis sportifs autour du monde. Il raconte aujourd’hui dans un livre cette vie dont il rêvait.

PAR SYLVIE BALMER

Arrivée de Jean-Philippe Patthey à La Brévine après son Tour du cœur sur le Tour de France en 2016. Christian GalleyArrivée de Jean-Philippe Patthey à La Brévine après son Tour du cœur sur le Tour de France en 2016. Christian Galley

On l’appelle «l’aventurier de La Brévine». Depuis 50 ans, Jean-Philippe Patthey a couru, pédalé et ramé par monts et par vaux, de l’Alaska aux îles Sandwiches en passant par le Pérou.
Aujourd’hui âgé de 74 ans, il publie ses mémoires dans un livre intitulé «De tout temps par tous les temps.»
«C’est un slogan que mon père a inventé à la fin de la guerre, pour illustrer les valeurs qui l’animaient – le respect et la solidarité – quand on livrait du pain dans les fermes isolées, à cheval ou à ski. Né en 1951, j’ai connu cette époque.»

Nul n’est prophète…

Son autobiographie ouvre sur deux citations: «Nul n’est prophète en son pays» et «Un arbre peut perdre ses feuilles, mais jamais ses racines».
«Cela traduit une certaine frustration», confie Jean-Philippe Patthey.
Tout n’a pas été simple pour celui qui était prédestiné à reprendre la boulangerie familiale créée par ses grands-parents en 1884, à La Brévine.
«J’ai suscité l’étonnement dans la vallée tout au long de ma vie. Et aucun éditeur suisse n’a accepté de me publier. C’est la maison d’édition parisienne ‘Jets d’encre’ qui a permis que ce livre voit le jour.»

Comme chantait Brassens, «les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux».

Ce que s’est appliqué à faire Jean-Philippe Patthey dès sa formation de boulanger-pâtissier, en mettant le cap sur Ottawa, au Canada, pendant un an et demi. «J’avais 21 ans. C’était mon tout premier grand voyage. J’étais déjà aventurier dans l’âme.»
Il aurait enchaîné avec le Japon, où un contrat l’attendait, si son père n’était pas tombé malade, l’obligeant à prendre la suite de la boulangerie.
Il y restera durant douze ans, avant de la vendre pour racheter une usine de pâté en croûte aux Ponts-de-Martel. «Patthey qui fait du pâté, c’était rigolo.» Mais ce Patthey-là n’est pas du genre à s’encroûter.

En famille sur une île inhabitée

Douze ans plus tard, à 50 ans, rebelote, il vend tout. «Notre société nous fait croire qu’il faut rester sur l’autoroute, où il ne nous arrivera rien. Mais le plus grand risque dans la vie, c’est de ne pas en prendre. C’est la décision la plus courageuse que j’ai prise: tout arrêter pour vivre la vie dont je rêvais.»
Une vie d’aventure, mais pas improvisée. A 50 ans, Jean-Philippe Patthey avait déjà relevé plusieurs défis.
En 1986, il avait quitté la boulangerie en pleines fêtes de fin d’année pour découvrir l’Afrique en petites foulées en participant à la course à pied du Paris-Dakar.
En 1995, il emmenait son ex-femme et leurs adolescents en voilier en Géorgie du Sud. Une île inhabitée, mais pas où on se balade en bikini, plutôt où il faut chasser le renne pour se nourrir. «J’avais quand même apporté quelques sachets de fondue», glisse-t-il.
C’est une fois l’usine de pâté liquidée que les choses deviennent sérieuses. Il travaille comme assistant logistique durant quatre ans pour Mike Horn, qui tire sa luge de 200 kg sur les glaces de l’Arctique. Mais le froid, même lorsqu’il frise les – 65°, ne fait pas peur au Brévinier.

A 60 ans, plus un sou…

La traversée des Amériques à vélo, l’Australie en char à voile, un Tour du cœur parallèle à celui de France, au profit des projets de cardiologie pédiatrique du chirurgien René Prêtre – après son quintuple pontage coronarien… Son livre retrace toutes ses aventures et autant d’anecdotes aussi croustillantes qu’une belle miche de pain.
Aventurier, ça vend du rêve, mais qu’est-ce que ça rapporte? «De la richesse culturelle, surtout», répond-il en se souvenant de ce jour «où j’ai ouvert mon frigo et il était vide. J’avais 60 ans et plus un sou.»
Il a donc fallu se remettre aux fourneaux, à pizzas cette fois. Durant dix ans, il a sillonné les routes de la région avec ses food trucks «Aventura Pizza», avant de pouvoir profiter de sa retraite.
Qu’a-t-il retenu de ces aventures? «Ce ne sont pas les kilomètres, ce sont les rencontres, et notamment avec moi-même.» Certes, mais lorsque le but est de décrocher un record, prend-on le temps de lever la tête du guidon?

Nouveau départ en camping-car

«Non», concède-t-il. «C’est pour ça que j’ai ressenti une grande frustration après ma traversée des Amériques, de l’Alaska à Ushuaia. 25 000 km à vélo en 119 jours. Et après? T’as vu quoi? T’as vu qui? C’est pour ça que je vais refaire ce voyage, mais cette fois en deux ans, en camping-car. Je vis d’ailleurs dedans depuis que j’ai vendu ma ferme de La Brévine.»
A 74 ans, son désir de découvrir le monde est toujours vif. «Je choisis juste des chemins moins caillouteux, car les suspensions sont un peu usées», rigole-t-il.
«De tout temps par tous les temps», par Jean-Philippe Patthey. Editions Jets d’Encre.

Séance de dédicaces samedi 10 mai, de 10h à 12h, à la librairie des Mots Passants, au Locle.

Egalement disponible avec dédicace personnalisée sur le site detouttemps.ch